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Pourquoi la France n'aura pas droit à la carte Apple annoncée le 25 mars

1 avril 2019 - Actualités
Pourquoi la France n'aura pas droit à la carte Apple annoncée le 25 mars


Entre un kiosque numérique et un service de streaming vidéo, Apple a dévoilé lundi la Apple Card, une carte de crédit qui a beaucoup fait parler d'elle. On peut également le voir sur YouTube, la carte de crédit diffuse les autres annonces en termes d’audience, preuve de l’intérêt des consommateurs.

Il faut dire que d'après ce que nous avons vu, la carte Apple présente de nombreux avantages. Intégration parfaite avec l’application portefeuille iPhone, suivi clair des dépenses, système de remise en argent récupérer de l'argent à chaque transaction, un design minimaliste … La présentation d'Apple fait rêver. Si Goldman Sachs, le partenaire d’Apple, suggère que la carte Apple atteindra éventuellement l’international, cela risque d’être beaucoup plus compliqué. Nous expliquons pourquoi.

Un produit adapté aux États-Unis

La "carte de crédit" présentée par Apple n'a pas de véritable équivalent en France. Ici, nous préférons le "débit différé", où nous payons chaque mois le montant dû, sans taux d’intérêt.

Le modèle américain repose sur un endettement permanent et un remboursement sans échéance fixe. Ainsi, le propriétaire de la carte Apple se verra prêter de l’argent qu’il remboursera progressivement en fonction de règles différentes. Pour que vous puissiez choisir le montant que vous souhaitez rembourser, l’application calcule ensuite un taux d’intérêt (le TAP, pour le taux de pourcentage annuel).
Elle peut également vous envoyer des notifications pour vous rappeler que vous devez de l'argent et que le taux d'intérêt augmente. Le problème est précisément la valeur de ce taux. Apple annonce entre … 13,24% et 24,24%, ce qui est bas pour le marché américain selon lui, et qui se situe en fait dans le bas de la norme américaine.
Mais maintenant, imaginez si une banque française vous en demandait autant! En d’autres termes, le modèle économique de la carte Apple est inapplicable en France, faute à (ou grâce à) de nombreuses protections de l’État. En France, nous ne nous endettons pas aussi facilement qu'aux États-Unis.

Un remboursement entre 1 et 3%, impossible en France

C'est l'une des caractéristiques les plus importantes de la carte Apple, le "Cash quotidien". À chaque paiement, Apple rembourse 1% du montant si vous venez de payer avec la carte physique, 2% si vous avez payé avec Apple Pay et même 3% si vous venez d'acheter quelque chose dans l'Apple Store. Cela donne évidemment envie.

Comment ça marche ? Apple prélève sur la commission d'interchange le montant récupéré par une banque à chaque paiement. Il est d'environ 2% aux États-Unis et pourrait augmenter bientôt.

À chaque transaction, 2% de ce que le titulaire d'une Apple Card paye à Apple. Comme beaucoup de banques américaines, la marque a décidé de redistribuer une partie de ses ressources au client, ce que nous appelons remise en argent.
Dans le cas d'un paiement avec la carte physique, Apple a donc une marge de 1%. Lors d'un paiement Apple Pay, il offre l'échange à l'utilisateur mais récupère son prélèvement sur les achats effectués avec Apple Pay et négociés avec les banques. Enfin, dans un Apple Store, il vous propose un échange et vous offre un rabais de 1%, une sorte de fidélité à la récompense.

Un modèle totalement viable, n'est-ce pas? Le problème est qu’en France, la commission d’interchange est de 0,2% ou 0,3%. En d’autres termes, rembourser 1% ou 2% de chaque paiement serait une aberration pour Apple qui perdrait beaucoup d’argent. Seul le Daily Cash Apple Store serait envisageable dans la mesure où Apple est à la fois l'émetteur et le destinataire. Il n’en reste pas moins que la marque fasse de si grands cadeaux et si la carte Apple arrive en France un jour, Apple devra abandonner cette fonction phare.

La carte Apple en France … sous une forme différente?

Cependant, la carte Apple pourrait atterrir en France un jour, à condition d'abandonner le modèle actuel pour un système plus proche des exigences européennes.
Goldman Sachs n'étant pas présent sur le marché de la grande distribution en Europe, la société Cupertino n'aurait d'autre choix que de faire appel à une autre banque, voire de l'acheter si ses ambitions grandissent. ou demander une licence bancaire (procédure qui prend un peu moins d'un an).
Au final, même si le produit français pouvait prendre en charge l'interface et les services de la carte américaine Apple Card, il divergerait sur de nombreux points.

Outre le changement de modèle commercial et le cashback réduit ou nul, Apple pourrait avoir du mal à imposer sa carte entièrement blanche sans information.
En effet, si la signature n'est plus requise au verso d'une carte aujourd'hui, le numéro et le code à trois chiffres CVV sont toujours requis. Pour voir si Apple pourrait convaincre l'Europe comme avec Mastercard.

Gagner des néo-banques européennes … pour l'instant

Les nombreux avantages de la carte Apple donnent envie? Vous rêvez de profiter gratuitement d'un compte gratuit, de notifications instantanées, d'une bonne application, d'un regroupement par catégories ou d'une carte Metal? Il s’avère qu’en France, les deux plus grandes néo-banques offrent tout cela.
Nous avons contacté les responsables des banques mobiles N26 et Revolut, qui suivent, logiquement, de très près l'annonce de Apple. L'absence probable à long terme du fabricant d'iPhone en France leur laisse un magnifique boulevard. "Ils lancent un produit élégant et nous sommes l'alternative européenne", dit Emmanuel Boulade, de Revolut. Même constat pour Jeremie Rosselli, de N26: "Apple braque les projecteurs sur le secteur de la banque mobile". La néo-banque allemande compare l’annonce de Apple à Orange Bank qui lui avait valu l’arrivée de nombreux utilisateurs.

Bien que ce soit probablement un "discours de communicateur", il est vrai que l'absence d'Apple en Europe devrait leur être bénéfique à court et à moyen terme. Sur les réseaux sociaux, de nombreux utilisateurs sont enthousiastes à l'idée de découvrir l'existence de ces services. Ils pensaient que Apple les avait inventés.

La carte Apple va-t-elle jamais arriver en France? Sous cette forme, c'est tout simplement impossible. Sous un autre, pourquoi pas, mais Apple devra le réinventer. En attendant, espérons que les idées de simplification d'Apple inspireront les banques vieillissantes et amélioreront un peu plus les services bancaires mobiles. Après tout, sinon le premier, Apple a toujours inspiré tout un secteur.



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