Utilisez la peau humaine comme interface tactile interactive. C’est l’idée digne d’un film de David Cronenberg par une équipe de chercheurs franco-anglais. Ce processus remplace ou complète les interfaces d'un smartphone, d'un ordinateur portable ou d'une montre connectée. Quelque part diraient certains, mais c’est l’objectif de son créateur.
"Ce projet est d'abord fait pour remettre en question"Marc Teyssier, le créateur du système, raconte Marc Teyssier sur 01net.com. Etudiant de 27 ans en dernière année de thèse à Telecom Paris, il est particulièrement heureux "Les débats qui ont eu lieu dans les commentaires" de sa vidéo de démonstration. "Les gens se demandent pourquoi c'est bizarre, c'est exactement ce que je cherchais."
Simuler la consistance de la peau humaine
Dans son article scientifique (PDF), publié avec Gilles Bailly, Catherine Pelachaud, Eric Lecolinet, Andrew Conn et Anne Roudaut, il explique comment il utilise divers matériaux et composants pour créer ce système. Il reproduit le principe des différentes couches de la peau humaine en superposant également ces couches.
"Je me suis inspiré des différentes couches de la peau: l'épiderme, le derme où se trouvent les nerfs et l'hypoderme où se trouvent la graisse et le muscle. Je les ai reproduits avec plusieurs couches de silicone de viscosité différente pour les simuler au mieux."explique Marc Teyssier. L'idée est alors de prendre en sandwich entre deux couches de silicone une grille d'électrodes permettant de reconnaître les gestes de l'utilisateur.
Ce dernier peut ainsi faire glisser ses doigts, les tourner et même pincer la peau pour interagir avec le dispositif sur lequel cette surface est installée. Trois exemples exposent des cas assez classiques: sur une coque à l'arrière d'un smartphone, à la place d'un trackpad d'ordinateur et autour du poignet sur le poignet d'une montre connectée.
Une percée pour la robotique?
Mais le quatrième exemple est certainement le plus dérangeant: il montre que cette fausse peau humaine recouvre partiellement un robot Nao SoftBank Robotics. Si, pour le moment, cela peut sembler être un gadget, nous pourrions imaginer un robot humanoïde complètement couvert par ce système et sensible au toucher.
"Je suis contacté depuis par des chercheurs en robotique qui s’intéressent au système qui peut très bien fonctionner, par exemple pour couvrir une prothèse de membre.Marc Teyssier s'interroge. Les premiers laboratoires de robotique auxquels j'ai présenté mon projet n'étaient pas très enthousiastes ».
Si vous pensez à eXistenZ de David Cronenberg, sorti en 1999, vous l’avez bien compris: "Je l'avais vu quand j'étais étudiant en réalité virtuelle et ce film m'était revenu par son questionnement à la relation humaineenthousiasme l'étudiant. L'homme est la meilleure machine à produire du toucher, nous sommes habitués à la texture de sa peau, c'est l'organe parfait pour cela ". De là à embrasser son ordinateur, il n'y a qu'un pas.