LISBONNE (Reuters) – La milliardaire angolaise Isabel dos Santos a demandé mardi l’abandon d’une affaire de corruption à son encontre, accusant les autorités angolaises d’utiliser des documents contrefaits, notamment un faux passeport, pour que les tribunaux saisissent ses avoirs.
PHOTO DE DOSSIER: Isabel Dos Santos, fille de l’ancien président de l’Angola et la femme la plus riche d’Afrique, s’assoit pour un portrait lors d’une interview Reuters à Londres, le 9 janvier 2020. Photo prise le 9 janvier. REUTERS / Toby Melville
Les autorités angolaises ont saisi les comptes de dos Santos et de son mari Sindika Dokolo à la fin de l’année dernière à la suite d’allégations selon lesquelles ils auraient dirigé 1 milliard de dollars de fonds publics vers des sociétés dans lesquelles ils détenaient des participations pendant la présidence de son père Jose Eduardo dos Santos, qui a régné pendant 38 ans jusqu’à 2017.
En février, les procureurs portugais ont emboîté le pas, gelant les avoirs d’Isabel dos Santos dans le pays, qui était le maître colonial de l’Angola jusqu’à l’indépendance en 1975. Elle et Dokolo ont nié tout acte répréhensible.
Dos Santos, 47 ans, dont le lieu de détention est inconnu, a déclaré que ses avocats avaient découvert un passeport fabriqué à son nom le mois dernier lorsqu’elle avait eu accès pour la première fois aux dossiers du tribunal de Luandan sur le gel des avoirs.
Le passeport était en anglais, le numéro de passeport était cité différemment à deux endroits sur le document et la signature appartenait à la star de kung-fu Bruce Lee, décédée en 1973.
«Le parquet angolais a présenté des preuves matérielles fabriquées et fondées sur une contrefaçon. Cette décision de justice devrait être annulée comme abus de procédure et le jugement annulé », a déclaré dos Santos dans un communiqué en anglais.
« La contrefaçon du passeport est évidente à première vue », a-t-il déclaré.
Ni les procureurs angolais ni portugais n’ont répondu aux demandes de commentaires.
Le tribunal provincial de Luandan en Angola n’a pas pu être joint pour confirmation ou commentaire sur l’impact qu’il y aurait sur le gel des avoirs s’il était prouvé que le document dos Santos était fabriqué et faisait partie du dossier contre elle.
L’Angola a nommé dos Santos suspecte pour mauvaise gestion et détournement de fonds alors qu’elle était présidente de la compagnie pétrolière publique Sonangol en 2016-2017.
Le procureur en chef de l’Angola a déclaré en janvier qu’un mandat d’arrêt international contre dos Santos pourrait être délivré si elle ne semblait pas coopérer à l’enquête.
Reportage de Victoria Waldersee et Catarina Demony; Montage par Andrei Khalip et Mark Heinrich