Téhéran (AFP) – Le chef suprême de l’Iran a accusé les médias étrangers d’essayer d’utiliser une épidémie mortelle de coronavirus pour saboter une élection générale, alors que les autorités se précipitaient dimanche pour contenir la maladie.
Les résultats définitifs des élections législatives sont attendus dimanche, deux jours après leur tenue dans la foulée de la confirmation de nouveaux cas de coronavirus dans le pays.
Un faible taux de participation avait été largement prévu, car un chien de garde électoral dominé par les conservateurs a disqualifié environ la moitié des 16 000 candidats, pour la plupart des modérés et des réformistes.
L’apathie des électeurs a marqué les sondages, mais le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a salué dimanche « l’énorme participation » du peuple malgré ce qu’il a appelé « cette propagande négative ».
Elle « a commencé il y a quelques mois et s’est agrandie à l’approche des élections et au cours des deux derniers jours, sous prétexte d’une maladie et d’un virus », a-t-il expliqué.
« Leurs médias n’ont pas manqué la moindre occasion de décourager les gens de voter. (Nos ennemis) sont même opposés à toute élection par le peuple iranien », a déclaré le leader sur son site officiel.
L’épidémie de COVID-19 a coûté la vie à cinq personnes en République islamique depuis mercredi. Ce sont les premiers décès dus à la maladie au Moyen-Orient.
Les autorités ont ordonné à titre de « mesure préventive » la fermeture des écoles, universités et autres centres éducatifs dans 14 provinces du pays à partir de dimanche.
Il s’agit notamment de la ville sainte de Qom où les premiers cas sont apparus ainsi que de Markazi, Gilan, Ardabil, Kermanshah, Qazvin, Zanjan, Mazandaran, Golestan, Hamedan, Alborz, Semnan, Kurdistan et la capitale, Téhéran.
Les manifestations artistiques, les concerts et les projections de films sont interdits depuis une semaine.
– Traitement gratuit –
Le ministre de la Santé, Saeed Namaki, a déclaré dimanche à la télévision publique que le traitement des cas de COVID-19 serait gratuit.
« Dans chaque ville, un hôpital sera dédié au traitement des cas de coronavirus », a-t-il déclaré, ajoutant que ce nombre serait plus élevé dans les grandes villes comme la capitale.
La mairie de Téhéran a ordonné la fermeture de casse-croûte et de fontaines à eau dans les stations de métro, ont indiqué des responsables.
Gholamreza Mohammadi, porte-parole de la municipalité de Téhéran, a déclaré que les bus et les trains souterrains étaient en cours de désinfection.
Mohsen Hashemi, chef du conseil municipal de Téhéran, a déclaré: « Si le nombre d’infections augmente à Téhéran, toute la ville sera mise en quarantaine ».
Des affiches ont également été installées à travers la ville tentaculaire dimanche, demandant aux gens de ne pas se serrer la main dans le cadre d’une campagne de prévention des coronavirus.
La cyberpolice iranienne a quant à elle prévenu que toute personne mettant en ligne de « faux clips » liés au virus serait punie.
L’Organisation mondiale de la santé s’est déclarée préoccupée par la vitesse à laquelle le COVID-19 s’est propagé en Iran, ainsi que par son exportation de la République islamique vers d’autres pays, dont le Liban.
L’Iran n’a pas encore confirmé l’origine de l’épidémie, mais un responsable avait émis l’hypothèse qu’elle avait été provoquée par des travailleurs chinois.
Bien que les chiffres officiels arrivent encore, les conservateurs iraniens semblent prêts à remporter un glissement de terrain au Parlement de 290 sièges.
Si la résurgence des conservateurs se confirme, cela signifiera que la faible majorité des réformistes et modérés du président Hassan Rouhani élus en fanfare il y a quatre ans est presque purgée.
La onzième élection parlementaire depuis la révolution islamique de 1979 intervient après une montée des tensions entre Téhéran et Washington, et la destruction accidentelle par l’Iran d’un avion de ligne ukrainien qui a déclenché des protestations antigouvernementales.
Le taux de participation a été estimé à environ 40% dans tout le pays et 30% à Téhéran à la fermeture prévue des bureaux de scrutin vendredi, selon l’agence de presse Fars.
Mais les autorités ont prolongé le scrutin de six heures pour permettre au plus grand nombre de personnes de voter.