L'explosion du nombre de modules de caméras dans les smartphones déclenche une pénurie. Sony, numéro 1 mondial de la production de capteurs CMOS, peine à remplir ses carnets de commandes.
Par la voix de son chef de division semi-conducteur Terushi Shimizu, Sony, qui contrôle plus de 50% du marché mondial (voire plus si nous nous limitons aux terminaux haut de gamme), a annoncé qu'en dépit d'investissements massifs, "Nous devons nous excuser auprès de nos clients car nous ne pouvons pas produire suffisamment".
Sony a cependant mis de l'argent sur la table. En plus des 2,29 milliards d'euros investis au cours de cet exercice dans l'outil de production actuel, le géant japonais construit une usine supplémentaire sur le site de Nagasaki qui produit déjà des capteurs.
Cette nouvelle usine (la première en 12 ans depuis la mise en service de Kumamoto Tec en 2007), qui a coûté 820 millions d'euros et qui sera mise en service en 2021, pourrait permettre aux Japonais d'atteindre son objectif de contrôle de 60% des marché en 2025 … si Samsung se laisse aller. Le coréen a en effet fortement progressé ces dernières années.
Avec cette nouvelle usine, le champion japonais augmentera sa capacité de production de 109 000 wafers à 138 000 wafers de 300 mm par mois. Ou des millions de capteurs dans chaque lot, des lots qui se préparent bien à l'avance. Selon leur nature, il faut plusieurs semaines à six mois pour produire un tranche !
Avec quatre à six modules de caméra, comme dans l'iPhone 11 Pro, le Huawei Mate 30 Pro et d'autres Samsung Galaxy Note 10 Plus, les smartphones actuels sont lourdement chargés de photographie. Mais si le nombre de modules a explosé ces dernières années, les usines ne sortent pas du sol comme par magie. Aux commandes de plusieurs sites de production – comme celui de Kumamoto que nous avons visité en 2017 – Sony est le premier fournisseur de champions des smartphones (il a même produit les capteurs «douaniers» du P20 Pro et P30 Pro pour Huawei) mais aussi du monde des "vraies" caméras. D'Olympe à Panasonic en passant par Nikon et Canon, toute l'industrie se fournit à Sony …
Les capteurs d'images, l'autre joyau de Sony
La division des jeux vidéo gagne le plus d'argent pour Sony depuis des années. Mais en regardant les exercices japonais, vous vous rendez compte que le second en termes de profits n'est plus celui des semi-conducteurs ou de la partie "services financiers" mais celui dédié à l'imagerie (Imaging & Sensing Solutions, IS & S).
En hausse de 56,3% en un an, cette division est devenue la technologie phare de Sony, principalement en raison de l'explosion mondiale de la demande de capteurs CMOS.
Une tendance initiée par les smartphones comme nous l'avons vu, mais qui devrait se poursuivre grâce au marché automobile qui utilise de plus en plus ces capteurs – caméras de recul, caméras d'angle mort, caméras de conduite autonomes, etc.
La tendance ne va pas s'arrêter puisque dans la production de capteurs d'images de type CMOS, Sony appuie déjà sur l'accélérateur pour le développement et la production de capteurs de temps de vol ToF (Time of Flight), ces capteurs de profondeur qui commencent déjà à équiper de nombreux smartphones et qui devraient également être disponibles dans la version automobile.
L'avenir de la division Imaging de Sony semble prometteur… si les Japonais peuvent répondre à la demande!
La source: Bloomberg